Règle n°1 en Roumanie : toujours vérifier l’information trois fois.
Notre deuxième jour de voyage illustre parfaitement cette maxime que j’avais
tendance à oublier, dans l’excitation des retrouvailles. À notre arrivée à l’hôtel,
vendredi, j’ai demandé au réceptionniste s’il connaissait les horaires des bus
pour Tulcea.
« Vous voulez prendre un bus ?!!! C’est de la folie...avec
Pâques en plus, vous allez être étouffés dans un minibus bondé sans climatisation »
Je lui dis que j’ai fait Iasi-Bucarest en autocar et que je me porte
bien, mais visiblement il n’aime pas les transports en commun. « Non, à la
limite, vous pouvez prendre le train, c’est moins désagréable ». Je sais
que c’est aussi plus lent et plus cher, mais pourquoi pas ? Il nous
indique un train qui part de la gare Obor à 13h, le samedi. Je lui demande si
on peut aller en bus à la gare ( !). « Aucune idée. Allez-y en taxi,
c’est plus simple ». (Hors de
question.)
Samedi matin, nous discutons avec une autre réceptionniste, à qui j’explique
notre programme. « Obor ? Non, il n’y a pas de train pour Tulcea là-bas,
enfin je ne crois pas... ». Elle appelle. « Rien à Obor. Il y a un
train par contre à la Gare du Nord, à 15h. » Je lui dis « Et pour les
bus ? ». Elle : « Ah non les bus, je ne sais pas ».
Nous quittons l’hôtel, notre charmante réceptionniste est enchantée de savoir
que nous allons dans le Delta et nous donne mille recommandations : « et
surtout, ne faites confiance à personne ici », conclut-elle.
Romain me demande ce qu’on fait en attendant 15h. Je lui propose d’aller
à la gare : tant que je n’aurai pas mon billet en poche, je ne serai sûre
de rien. Petit trajet en métro pour se mettre en jambe. À la gare, pas de train
pour Tulcea : c’est le week-end de Pâques. « Savez-vous s’il y a des
bus ? et si oui, d’où partent-ils ? ». Non, on ne sait pas.
Nous allons voir à tout hasard à la gare routière la plus proche (Besarab,
celle dont on m’avait assuré qu’elle ne permettait pas d’aller à Tulcea). Les
panneaux indiquent une mauvaise direction et nous mettons un temps fou à
trouver le point de départ des bus. J’arrête les gens dans la rue et baragouine
tant bien que mal en roumain. Enfin nous atteignons Besarab. On nous dit : « Pour
Tulcea ce n’est pas vraiment ici, c’est avec Augustina, pas très loin ».
Encore une demi-heure pour trouver la mini station Augustina (il aurait
pourtant suffit de dire ‘prenez la prochaine à gauche’). Là, miracle : oui, il y
a bien des minibus pour Tulcea, oui, nous pouvons prendre le prochain. Quatre
heures de folle conduite avec une musique assourdissante et de fieffés râleurs,
mais le Caribou semble comme un poisson dans l’eau.
Arrivés à Tulcea, nous décidons que nous nous accorderons au rythme du
fleuve et des gens, quitte à passer une semaine dans le delta (pas envie de
multiplier les journées de trajet, vu la complexité de chaque déplacement). Devant
le plan de la ville, nous rencontrons quatre français : un peintre, son
ami photographe et leurs compagnes. Maurice est installé en Roumanie depuis quelques
années et me donne ses coordonnées : si je passe dans les environs de
Bistriţa, je suis la bienvenue. Ils connaissent plein d’adresses sympas et
semblent sacrément mordus, amoureux fous du pays. Nous allons à pied jusqu’à la
petite pension que j’ai réservée pour une nuit. Là, on ne parle que roumain :
je m’amuse à échanger quelques banalités avec la famille. « Il fait si
chaud ! Oui, si nous allons jusqu’à Sulina, il faudra faire attention aux
coups de soleil. » Dans une langue étrangère, même les plus monstrueuses
platitudes ont un goût de première gorgée de bière.
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